mercredi 4 septembre 2013


À Albert Ayler

Fresque de bruits qu'on froisse
brûlant désir de rompre la chaîne
de mettre au pas enfin le monde
de mettre au monde enfin
le cri de l’esclave

prière obscure
et vierge noire

Christian Girard





jeudi 25 juillet 2013

PIEDS NUS DANS L'AUGE


Nous ferons de ces lieux
le noir sanctuaire de nos représailles

et le pétrole y aura pour nous
une odeur quelconque d’éternité

Christian Girard (c) 2013

mardi 23 juillet 2013

Le tiroir aux horreurs


me dénouer
me défaire à l’os
secouer ce squelette 
qui traîne dans ma tête 
enchevêtré comme après un viol

se fera sans mots
dans le grincement fou d'un cri 
que je n'attends plus

Christian Girard (c) 2013

mercredi 3 juillet 2013

Tentative d'inventaire (no 1)


la sagesse folle de garneau michel
les lunes de lorca
les brosses de bukowski
le guts à picabia
et la langue de feu à vanier

le swing terrible des anonymes
vieux oubliés auteurs
de fatrasies médiévales
et le gaulois ballant des goliards
par les chemins s’enivrant
de latin défroqué

la chambre à walser
et sa neige à la fenêtre
où s’y coucher ultimement
l’éclat mescalineux
des visions de michaux
et cioran aquiescant morbide
et joyeux d’écouter bach
en même temps

et verlaine aux grands arbres
dégarnis par l’automne
et fouillant vainement le ciel
le long des boulevards
où les rescapés du chat noir
font des tours d’extase
en insultant les becs à gaz

et tzara qui bricole
des bombes avec des mots
sortis tout gluants de sa bouche
en forme de cri sempiternel
et desnos qui trouve des étoiles
dans les fleurs fumantes
des mégots de cigarettes
à la dérive sur les trottoirs

oulipiens mal baisés
miroir de l’âme
et marteau à la main
et j’exagère à peine
le sexe dressé peret
s’immole en riant
dans un troquet
sur le bord de la faillite

et villon qui râle
en évoquant des couches molles
d’énormes tétons et des meurtriers
pourris à l’os dans le vent qui hurle
et corbière pauvre gueux malade
à l’assaut des mers tout boiteux
mangeant sa main gardant 
l’autre pour demain s’il y a lieu

(...)

Christian Girard (c) 2013

mercredi 29 mai 2013

j'ai mis
mes yeux
dans mes poches

à la recherche
d'un poème
enfoui là
depuis toujours

Christian Girard (c) 2013
les arbres se dressent
comme des mains
pleines de pousses

Christian Girard (c) 2013

mardi 28 mai 2013

JOYEUSES PÂQUES

Les petits oiseaux
faisaient "cuicui"
autour du christ en croix
flottant dans les airs
comme un icare
sur pause


Jésus
fondait au soleil
comme un fudge
oublié


Christian Girard (c) 2013

LES HORREURS DOMESTIQUES

Il faudra bien un jour
me décider
à appeler les monstres
par leurs noms

Christian Girard (c) 2013

MA SOIF


Ma soif avait des yeux d’enfants pauvres
qui n’apprendront jamais à lire
ni les étoiles
ni la poésie

mon désir était alors
une affaire de barbare

un élan sans lendemain

les deux pieds figés
dans le présent

Christian Girard (c) 2013

mardi 15 janvier 2013

LA PEUR DU CREUX


Sa naissance fut comme un gros bouillon
par un gars chaud
dans une piscine de banlieue
depuis ce jour, il n'a fait que vomir
sa haine de l'argent
et des fleurs séchées
sur les rideaux de l'ennui le plus sûr
il se défend dangereusement
d'être un appel au calme

Christian Girard (c) 2013