mercredi 23 décembre 2015

LE RÉPERTOIRE DES FATIGUES

La bouche pleine à ras bord de feuilles mortes, des fantômes circulent dans les couloirs de mon sang. Ils courent en hurlant comme des comètes jalouses de n'avoir jamais vu le ciel. Leurs cris sont des chants patriotiques tombés de la bouche d'un pays mort-né. Leurs cris font des traces de pas lourds dans leurs visages déformés. On dirait des policiers désarmés de toute clef des champs, à la recherche d'une issue qu'ils n'ont jamais su imaginer. C'est vraiment drôle et divertissant de les voir se faire chier dans mon sang.

Christian Girard (c) 2015

dimanche 13 décembre 2015

En t'arrachant les yeux l'autre soir
Tu les as remplacés par des étoiles fatiguées
Tout un système de poulies, manivelles
Les maintenait en équilibre
Au milieu d'un visage inhabitable

Et le monde a changé

Même le vent te semblait anachronique

Christian Girard (c) 2015

mardi 14 juillet 2015

Le plomb des jours

On se voit demain
et tout nous semble affreux
Les heures qui s'étirent 
et qui rampent en troupeaux
vers l'abattoir du rêve 
Le petit monsieur qui les accueille en souriant
Les oranges bleues qu'il étrangle en souriant
La pappermanne noire qui ne guérit pas de la misère et qu'il fait rouler dans sa bouche au-dessus d'un caniveau
où roulent des fœtus
comme autant de moutons
qui ne font plus dormir depuis longtemps
les amants fatigués et les femmes fortes
d'un évangile mal formulé 

Christian Girard (c) 2015


mercredi 1 juillet 2015

SAINT-CHOSE



Là dans la fenêtre on dirait un saint dans une image sacrée un saint comme en extase éclaboussé d’ombres et de lumières et qui vide un pot de crème glacée quasiment vide les yeux rivés sur la télé de la rue où je suis
je ne vois pas la télé je me dis qu’au fond son nom ne doit circuler nulle part ailleurs que chez lui

Christian Girard (c) 2012

dimanche 24 mai 2015

Ô nougat!
Mielleux fantôme hallucinant
Je n'ai pas les mots du jazz
Ni les mots du temps
Je n'ai que mes dents 
Qui sont celles d'un crâne de pirate 
Étendu et tordu à tous les vents
Ces vents qui n'en font qu'à leur tête 
En cavalerie lâchée lousse
Dans les déserts de nos villes
Ces vents de têtes de morts
Qui font pleurer les arbres
Et grincer les petits enfants
Qui transforment en usine
L'oeil lourd de l'horloge
Quand la lune encore nue
Attend qu'un des leurs
Vienne la froisser en passant

Christian Girard (c) 2015

dimanche 3 mai 2015

LA REPRISE DES ACTIVITÉS


Nous avons nos rations de lavandes
nos hivers pimpés d’amertume
et des reflux de rêveries mal digérées

la viande en nous
cherche à noyer les fantômes
à broyer les murmures
de leur immanence

nous prendrons le train qu’il faudra
celui de tous les désastres
admirant les paysages
comme du monde

Christian Girard (c) 2014

LE CIEL N’A PLUS RIEN À VOIR


Elle aura été ce garrot d’éternité
noué autour de ma gorge rouillée infectée
par le rêve monstrueux de voir un jour
brûler les banlieues

elle aura été ce soleil fou d’où tombe la nuit
cet écrin vierge assailli de pélerins sauvages
désormais dans ses yeux des landaus brûlent
et des enfants chantent comme des verrous

et les mots tus s’évanouissent
comme de la poudre d’os
dans les sables mous de ma mémoire

se faisant squelette armé pour veiller tard
trompe-l’oeil de la misère et
chinoiserie ultime de l’en-dedans

Christian Girard (c) 2014

À venir... (extrait)




"Un livre sauvage. Une aventure sans prétention dans mes entrailles; une odyssée farouche et dépourvue de tout espoir. ma folie mal nourrie, mal contenue, enfin décapsulée et s’insinuant dans chaque mot, chaque lettre inscrite et criée. je ne suis pas un spécialiste, le roman m’emmerde et les structures narratives et la manière, ô que cela me pèse et me rapetisse dans mes grands souliers de rêve. 
un jour j’ai chaussé des boites de poèmes, des poèmes grandiloquents, et je me promenais dans le désordre de mes ambitions avec des allures d’elvis chaud raide. ô que de temps perdu. j’ai lâché la bride et je ne savais plus quoi faire. le vide en moi s’exprimait et me disait de me taire. le vide en moi avait des allures de banlieue grise et de viande froide avariée. des décors sans âme me renvoyaient mon reflet. cycliquement. je m’enfonçais. merci la vie, ACCROCHE TOI À TES RÊVES, etc… fuck off. léthargie et examen de minuit, manucure de la main invisible qui me pousse à faire des choses pas possibles. fuck off, fuck off. c’est tout ce que je sais dire à certains moments.

je ne suis pas un spécialiste, je ne glose pas. j’ai seulement des impulsions qui frisent par moment la kétainerie sentimentale. et j’aime ou je n'aime pas quelque chose. je sais, c’est peu, beaucoup trop peu, et on ne fait pas des civilisations sur cette base. seulement, il en est ainsi. je ne cherche pas à défendre les fondements de cette approche ni à justifier ma faible contribution à l’effort civilisationnel. je mets simplement le doigt sur ma condition de consommateur et, en appuyant plus fort qu’à l’habitude, il en sort un petit vent accompagné d’un petit bruit de pet et voilà ma condition toute dégonflée et ridicule."

Christian Girard (c) 2014

dimanche 22 mars 2015


Je cherche à vomir des mots
sans confessions
des mots nus
comme un oiseau
quittant à jamais
le perchoir de ma langue
pour s’aller fondre au bleu du ciel
ce bleu de sainte-vierge
ce bleu de gâteau
ce bleu enfin
de larmes et d’eau
dans les dessins d’enfants.

Chercher de l’or,
la gloire,
des poux,
la bête noire?
Chercher le Graal,
mon nonosse,
le trouble?
rien à voir
rien à faire
je cherche à vomir des mots
comme un volcan crache un ciel,
un ballet de feu nu, de phénix orangés
balayant de leurs ailes enragées
des siècles et des siècles
de maisons en rangées.

Christian Girard (c) 2015

mercredi 21 janvier 2015

Cracher n'a rien de nouveau
Laissons le temps faire son œuvre
Et rêvons de corbeaux magnifiques
Pendant que nous n'avons rien à dire

Christian Girard (c) 2015