dimanche 24 mai 2015

Ô nougat!
Mielleux fantôme hallucinant
Je n'ai pas les mots du jazz
Ni les mots du temps
Je n'ai que mes dents 
Qui sont celles d'un crâne de pirate 
Étendu et tordu à tous les vents
Ces vents qui n'en font qu'à leur tête 
En cavalerie lâchée lousse
Dans les déserts de nos villes
Ces vents de têtes de morts
Qui font pleurer les arbres
Et grincer les petits enfants
Qui transforment en usine
L'oeil lourd de l'horloge
Quand la lune encore nue
Attend qu'un des leurs
Vienne la froisser en passant

Christian Girard (c) 2015

dimanche 3 mai 2015

LA REPRISE DES ACTIVITÉS


Nous avons nos rations de lavandes
nos hivers pimpés d’amertume
et des reflux de rêveries mal digérées

la viande en nous
cherche à noyer les fantômes
à broyer les murmures
de leur immanence

nous prendrons le train qu’il faudra
celui de tous les désastres
admirant les paysages
comme du monde

Christian Girard (c) 2014

LE CIEL N’A PLUS RIEN À VOIR


Elle aura été ce garrot d’éternité
noué autour de ma gorge rouillée infectée
par le rêve monstrueux de voir un jour
brûler les banlieues

elle aura été ce soleil fou d’où tombe la nuit
cet écrin vierge assailli de pélerins sauvages
désormais dans ses yeux des landaus brûlent
et des enfants chantent comme des verrous

et les mots tus s’évanouissent
comme de la poudre d’os
dans les sables mous de ma mémoire

se faisant squelette armé pour veiller tard
trompe-l’oeil de la misère et
chinoiserie ultime de l’en-dedans

Christian Girard (c) 2014

À venir... (extrait)




"Un livre sauvage. Une aventure sans prétention dans mes entrailles; une odyssée farouche et dépourvue de tout espoir. ma folie mal nourrie, mal contenue, enfin décapsulée et s’insinuant dans chaque mot, chaque lettre inscrite et criée. je ne suis pas un spécialiste, le roman m’emmerde et les structures narratives et la manière, ô que cela me pèse et me rapetisse dans mes grands souliers de rêve. 
un jour j’ai chaussé des boites de poèmes, des poèmes grandiloquents, et je me promenais dans le désordre de mes ambitions avec des allures d’elvis chaud raide. ô que de temps perdu. j’ai lâché la bride et je ne savais plus quoi faire. le vide en moi s’exprimait et me disait de me taire. le vide en moi avait des allures de banlieue grise et de viande froide avariée. des décors sans âme me renvoyaient mon reflet. cycliquement. je m’enfonçais. merci la vie, ACCROCHE TOI À TES RÊVES, etc… fuck off. léthargie et examen de minuit, manucure de la main invisible qui me pousse à faire des choses pas possibles. fuck off, fuck off. c’est tout ce que je sais dire à certains moments.

je ne suis pas un spécialiste, je ne glose pas. j’ai seulement des impulsions qui frisent par moment la kétainerie sentimentale. et j’aime ou je n'aime pas quelque chose. je sais, c’est peu, beaucoup trop peu, et on ne fait pas des civilisations sur cette base. seulement, il en est ainsi. je ne cherche pas à défendre les fondements de cette approche ni à justifier ma faible contribution à l’effort civilisationnel. je mets simplement le doigt sur ma condition de consommateur et, en appuyant plus fort qu’à l’habitude, il en sort un petit vent accompagné d’un petit bruit de pet et voilà ma condition toute dégonflée et ridicule."

Christian Girard (c) 2014