Je pense à ce jour où mettant le pied
dans le vestibule de ce qu’on nomme éternité
dans le vestibule de ce qu’on nomme éternité
je devrai pour toujours et sans dire un mot
accrocher ma peau à la patère de mes os
accrocher ma peau à la patère de mes os
ce jour où très volage esprit
épris d’éther et de tant pis
il me faudra quitter mes restes
je pense à la mort
comme on pense à autre chose
je pense à la mort depuis tout petit
et qu’au fond de mon lit
je pensais à quand tout sera fini
et qu’au ciel enfin monté
je pourrais faire mon entrée
sur un tapis crémeux de nuages
accueilli par des anges étrangement blonds
et lumineux jusqu’aux dents
et lumineux jusqu’aux dents
je pense à la mort en tant que vivant
roulant parfois mes yeux
comme des dés que je sais truqués
et les poches pleines de cartes brouillées
je pense à quand
je serai forcé de boire
un gros bouillon d’au-delà
les yeux noyés par la lumière
surgissant au bout du tunnel
je pense à la mort
puisqu’il faut bien
penser à demain
Christian Girard (c) 2011