jeudi 26 août 2010

Mon imagination prend parfois l'allure d'un chien battu que j'avais d'abord cru savant.

Christian Girard (c) 2010

samedi 21 août 2010

LA NEUVAINE DE LORCA (POGUÉSIES)


Ignacio se mourait sur le sable allongé
Dans sa main moribonde une rose agrippée.
Et les femmes pleuraient à voir ce héros mort
Tandis qu’au ciel s’attroupaient de grands oiseaux noirs.

Les années ont passé, sont venus les tueurs
Fusillant les hommes sur le mont des douleurs.
Et parmi ces derniers, Lorca, le fif poète,
Qu’ils ont executé un canon dans les fesses.

Les tueurs étaient là pour mutiler les corps,
Ils ont fui vers la ville effrayés par la mort.
Lorca l’avait prédit son corps s’est échappé
Et on n’entendit plus que des femmes prier.

Mère de toutes joies
Mère de toutes peines
Intercède en sa faveur ce soir
Pour tous nos lendemains
Shane MacGowan (c) 1990
Traduction libre : Christian Girard (c) 2010






"His poetry reads beautifully, and it was his area we were in. He was a popular poet in the same way that a lot of Irish poets were, in that he wrote in ballad form and wrote about what was going on among the people. His poetry doesn't come from intellectual thought, it comes from the connection between emotion and seeing and feeling. The other thing about him is that he was a faggot, and during the Civil War the fascists went round pulling out all the Republican sympathisers they could find, and they got Lorca and shot him along with a lot of others, but because he was a faggot they rammed the gun up his arse and walked away laughing. But Lorca predicted his own death: he said that his body would disappear and that's exactly what happened and they never found it. He's a big folk hero in Spain and a brilliant poet."
-Shane MacGowan à propos de Federico Garcia Lorca



lundi 16 août 2010

À MON TI BOBO

Dans mon œil une poutre
Est venue s'introduire
N’ayant rien d’autre à foutre
Je l'ai pris pour t'écrire :

Les oiseaux chantent faux
Le parfum de leurs cris
Est celui d’un rameau
Tout sec et tout pourri.

Dans mon vieux poulailler
Mes phénix sont rôtis.
Mes poules ont pogné
Oh ! mon dieu, des caries !

Ti-bobo, ti-bobo
Que je gratte et regratte
En écrivant ces mots
Combien je te regratte.

Christian Girard (c) 2006
Tu entres en moi comme un souffle
Qui sait nouer mes fureurs
En un bouquet
Fleurissant ma besogne de vie

Tu entres en moi comme un cri
Et ton chant peut faire mal
Comme un coup de fusil
Met au monde une salve d’oiseaux

Tu entres en moi sans parler
Tes gestes sont des miroirs
Des rivières de moi-même
Dénouées de la fosse où mon cœur s’égosille

Tu arpentes mes clameurs
Sur le fil de mes jours
En scrutant mes vertiges
Jusqu’en mes taudis d’âme

Tu erres en moi
Le ciel en bandoulière
Comme un enfant sait porter Dieu

Tes pas sont dans ma nuit
Une musique à faire taire
Ces sangles d’espace
Qui triturent mon ennui
Et me varlopent l’existence

Tu pénètres en moi
Comme on perce un mystère
Pour l’ouverture des yeux
Et m’apprendre à me tenir debout

Sur le tremplin de mes paupières

Christian Girard (c) 2006
La ville où je m'enfarge
sans jamais de répit
en cherchant mes racines
sous les fleurs du tapis

Christian  Girard (c) 2010

mercredi 4 août 2010

LES GARS DU COMTÉ DE L'ENFER

Le premier jour de mars, il tombait un torrent
Jamais j’aurais pu croir’ qu’il puiss’ pleuvoir autant
J’ai bu dix pint’s de bière, insulté les clients
Tout en souhaitant que tout’ cett’ pluie s’décide à sacrer l’camp

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink!
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!

Dans l’temps je travaillais pour mon propriétaire
C’était le pire trou d’cul qu’on avait vu sur terre
L’idée de perdre une cenne lui faisait ben d’la peine
Ce misérable crotté maudit bâtard d’enfant d’chienne

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink!
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!

J’me souviens qu’un dimanche on l’a pris dans un coin
On l’a pogné dans l’dos et battu comme un chien
J’sais pu si c’tait un rêve ou la réalité
Tout c’que je sais c’est qu’aprés ça j’étais encor’ cassé

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink!
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!

Astheur sur mon balcon j’ai la plus bell’ des vues
Je watch tous les junkies et les put’s de ma rue
Avec six bell’s bouteill’s, des cadavr’s côte-à-côte
J’aim’rais en criss’, j’aim’rais en criss’ ‘n avoir au moins quinze autres

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink!
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!

Pis quand ma gang est saoule, on est tout après toé
On veut te charcuter, on n’a rien à crisser
Mon père était facho, ma mère une madame
Mon frère a eu des médailles pour des viols au Viet-Nam

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink!
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!

Le premier jour de mars, il tombait un torrent
Jamais j’aurais pu croir’ qu’il puiss’ pleuvoir autant
Tu f’rais mieux d’te watcher, tu peux jamais savoir
C’qu’on peut te fair’ nous autr’s les gars du Comté de l’Enfer

Passe-moi un 10 pis j’te paye un drink
Pis maman réveille-moi tôt demain matin!
Shane MacGowan (c) 1985