mardi 30 novembre 2010

Ma parole est sale
comme un novembre
en ville
sous la pluie

les autos m’encombrent
et m’éclaboussent
et je cherche un morceau de ciel
quelque part au fond de moi

osti qu”il fait frette
et j'ai les os lourds
comme une attente

Christian Girard (c) 2010

lundi 29 novembre 2010

QUAND LA BOMBE ÉCLATERA (Poème de Frantisek Halas)



Elle rampera toujours
traçant des rides dans la boue
Elle s'ouvrira

La moule

Pâle sexe des eaux

Tout recommencera
dans l'indifférence des premiers poissons
les étoiles
plancton des poètes d'autrefois
frissonneront d'ennui
dans le sperme des nébuleuses

Frantisek Halas (c) 1957
Traduction de Petr Kral

mercredi 24 novembre 2010

Un poème de Achille Chavée




Mon interlocuteur avait
soixante bras de prophétie
et trente paires de couteaux
Moi
l'imprudent
j'étais seul
avec ma petite ligne de vie
qui tenait modestement dans ma main


Achille Chavée
(Tiré de À cor et à cri, Éditions Labor)
Les lieux communs nous avalent.

Christian Girard (c) 2010

samedi 20 novembre 2010

L'heure est venue
de faire le tri

de bien ranger
les tranches de vie
qui sèchent
sur le comptoir

traînant
parmi les bills
et les refus

Christian Girard (c) 2010

dimanche 14 novembre 2010

LE BORD ENSOLEILLÉ DE LA RUE (POGUÉSIES)




J’ai vu le carnaval à Rome
J’ai eu des femmes, j’ai eu du booze
Mais tout ce dont je me souviens
Ce sont des petits enfants sans chaussures
Alors j’ai vu ce train,
J’ai sauté dedans
Le coeur plein de haine
Une envie de vomir
Et depuis je me tiens du bord ensoleillé de la rue

J’ai enjambé des cadavres à Bombay
Tenté la même chose aux U.S.A.
Pour finir au Népal
Sur le toit du monde et rien à faire là
Et ce jour là j’ai su
Que j’allais rester
Ici où je suis, du bord ensoleillé de la rue

J’ai été dans les Palaces, j’ai été dans les prisons
Je veux juste pas me réincarner en colimaçon
Je veux juste passer l’éternité
Ici où je suis, du bord ensoleillé de la rue

À trop voir ma mère pleurer j’ai juré
De vivre ma vie comme on se fait une pute
Je sais que je suis meilleur qu’avant
Je serai irrécupérable
Et resterai toujours ici
Du bord ensoleillé de la rue

Shane  MacGowan (c) 1990
Traduction : C. Girard 2010

mardi 2 novembre 2010

L'ENTRE-SAISON (GÉRALD GODIN)












Vienne novembre
aux portes de la ville morte
les nuages se bousculent
hargneux comme des bêtes

j'entends le frisson
de la terre agonisante
les champs transpirent
comme les morts

novembre maladif mon frère
qui tremble de froid
le vent là-haut perché
attend tel un charognard

Gérald Godin 

Extrait de Ils ne demandaient qu'à brûler. Poèmes 1960-1993
2001, Éditions de L'Hexagone.