lundi 1 février 2016

Je n'ai rien à dire
qui ne soit d'abord un cri
jeté par-dessus bord de mon ossature 
comme un déchet de carnaval 

Christian Girard (c) 2015

mercredi 23 décembre 2015

LE RÉPERTOIRE DES FATIGUES

La bouche pleine à ras bord de feuilles mortes, des fantômes circulent dans les couloirs de mon sang. Ils courent en hurlant comme des comètes jalouses de n'avoir jamais vu le ciel. Leurs cris sont des chants patriotiques tombés de la bouche d'un pays mort-né. Leurs cris font des traces de pas lourds dans leurs visages déformés. On dirait des policiers désarmés de toute clef des champs, à la recherche d'une issue qu'ils n'ont jamais su imaginer. C'est vraiment drôle et divertissant de les voir se faire chier dans mon sang.

Christian Girard (c) 2015

dimanche 13 décembre 2015

En t'arrachant les yeux l'autre soir
Tu les as remplacés par des étoiles fatiguées
Tout un système de poulies, manivelles
Les maintenait en équilibre
Au milieu d'un visage inhabitable

Et le monde a changé

Même le vent te semblait anachronique

Christian Girard (c) 2015

mardi 14 juillet 2015

Le plomb des jours

On se voit demain
et tout nous semble affreux
Les heures qui s'étirent 
et qui rampent en troupeaux
vers l'abattoir du rêve 
Le petit monsieur qui les accueille en souriant
Les oranges bleues qu'il étrangle en souriant
La pappermanne noire qui ne guérit pas de la misère et qu'il fait rouler dans sa bouche au-dessus d'un caniveau
où roulent des fœtus
comme autant de moutons
qui ne font plus dormir depuis longtemps
les amants fatigués et les femmes fortes
d'un évangile mal formulé 

Christian Girard (c) 2015


mercredi 1 juillet 2015

SAINT-CHOSE



Là dans la fenêtre on dirait un saint dans une image sacrée un saint comme en extase éclaboussé d’ombres et de lumières et qui vide un pot de crème glacée quasiment vide les yeux rivés sur la télé de la rue où je suis
je ne vois pas la télé je me dis qu’au fond son nom ne doit circuler nulle part ailleurs que chez lui

Christian Girard (c) 2012

dimanche 24 mai 2015

Ô nougat!
Mielleux fantôme hallucinant
Je n'ai pas les mots du jazz
Ni les mots du temps
Je n'ai que mes dents 
Qui sont celles d'un crâne de pirate 
Étendu et tordu à tous les vents
Ces vents qui n'en font qu'à leur tête 
En cavalerie lâchée lousse
Dans les déserts de nos villes
Ces vents de têtes de morts
Qui font pleurer les arbres
Et grincer les petits enfants
Qui transforment en usine
L'oeil lourd de l'horloge
Quand la lune encore nue
Attend qu'un des leurs
Vienne la froisser en passant

Christian Girard (c) 2015

dimanche 3 mai 2015

LA REPRISE DES ACTIVITÉS


Nous avons nos rations de lavandes
nos hivers pimpés d’amertume
et des reflux de rêveries mal digérées

la viande en nous
cherche à noyer les fantômes
à broyer les murmures
de leur immanence

nous prendrons le train qu’il faudra
celui de tous les désastres
admirant les paysages
comme du monde

Christian Girard (c) 2014