vendredi 22 avril 2011

LE BILAN DES MORTS

Je pense à ce jour où mettant le pied
dans le vestibule de ce qu’on nomme éternité
je devrai pour toujours et sans dire un mot
accrocher ma peau à la patère de mes os

ce jour où très volage esprit
épris d’éther et de tant pis
il me faudra quitter mes restes

je pense à la mort
comme on pense à autre chose

je pense à la mort depuis tout petit
et qu’au fond de mon lit
je pensais à quand tout sera fini
et qu’au ciel enfin monté 
je pourrais faire mon entrée
sur un tapis crémeux de nuages
accueilli par des anges étrangement blonds
et lumineux jusqu’aux dents

je pense à la mort en tant que vivant
roulant parfois mes yeux
comme des dés que je sais truqués
et les poches pleines de cartes brouillées

je pense à quand
je serai forcé de boire
un gros bouillon d’au-delà
les yeux noyés par la lumière
surgissant au bout du tunnel

je pense à la mort
puisqu’il faut bien
penser à demain

Christian Girard (c) 2011