J’aurais pu me taire
tout laisser tomber
voir enfin fleurir
aux bouts de mes nerfs
ce gros bouquet tendu
de portes battantes
J’aurais pu m’éclore
tout quitter
m’enliser dans le décor
avec le monde à mes pieds
comme un caillou dans mon soulier
J’aurais pu me taire
ne plus rester
m’improviser fantôme
voir le monde entier
comme un film
sans moi dedans
Je vais tout simplement partir
dans un grand rire
toucher ce pôle
qui me fait tant rêver
Un grand pôle
tout blanc
jouant très bien son rôle
de bout du monde
Qu’il soit du nord ou du sud
cela m’importe peu
pourvu qu’il me soit
vaste enclos de solitude
où faire aller mes pieds
clopin-clopant
clopin-clopant
dans son épais crémage
de tarte à la crème
bien écrasée
dans la gueule
du monde entier
Christian Girard (c) 2012