lundi 14 mai 2012

Je suis le bonze en érection
et le postillon du vide
avec dans le crâne
un cadavre à choyer

Christian Girard (c) 2000

LA PIRE DÉFAITE



 Quand mes rêves s’ennuieront
en berçant le poids de mon absence
laissez-les se pendre à du fil à retordre

Quand je balbutierai
le contour de son fantôme
dans le musée de cire de mes souvenirs
mettez-y le feu
parlez moi d’autres choses
autour d’une table où mes convives
boufferont du phénix
au goût de cendres

Quand je vous dévoilerai ma solitude
comme un esclave au marché aux esclaves
assommez-la et portez-la sur un brancard rouillé
aux pieds des propriétaires du reel

Quand l’immensité m’aura étranglé
avec ses mains de déserts et de platitudes
dispersez, je vous en prie, ma carcasse
aux rayons de l’oubli
dans des bibliothèques en faillite
et consignez ma douleur
dans un Pawn shop d’espérance

Quand mes climats se seront détraqués
à force d’avoir voulu mesurer le vent
muselez mon regard avec des murs
aux couleurs d’infini
d’un ailleur paisible et sans artifices

Quand mes cauchemars se feront habitables
dans une grille horaire aux cadences dictées
par l’engrenage des jours, laissez pourrir l'espoir
dans mes mains sèches et tremblantes
et riez jaune devant ce spectale

Quand des ellipses me pollueront la gorge
et que ma mémoire n’aura plus de voix
laissez-moi seul
à murmurer dans mes décombres
qu’elle était belle
mon existence
avant tout ça

Christian Girard (c) 2006



mercredi 9 mai 2012

Sans titre ni rien

Avec ce long cri
qui traverse en courant
les couloirs de mon sang
et sème enfin l'émeute
au coeur de ma viande

je n'ai rien
d'un appel au calme

Christian Girard (c) 2012

mercredi 28 mars 2012

Garochage #7 (à propos de moi vs le monde)


J’aurais pu me taire
tout laisser tomber
voir enfin fleurir
aux bouts de mes nerfs
ce gros bouquet tendu
de portes battantes

J’aurais pu m’éclore
tout quitter
m’enliser dans le décor
avec le monde à mes pieds
comme un caillou dans mon soulier

J’aurais pu me taire
ne plus rester
m’improviser fantôme
voir le monde entier
comme un film
sans moi dedans

Je vais tout simplement partir
dans un grand rire
toucher ce pôle
qui me fait tant rêver


Un grand pôle 
tout blanc
jouant très bien son rôle
de bout du monde


Qu’il soit du nord ou du sud
cela m’importe peu
pourvu qu’il me soit
vaste enclos de solitude
où faire aller mes pieds
clopin-clopant
dans son épais crémage
de tarte à la crème
bien écrasée
dans la gueule
du monde entier

Christian Girard (c) 2012

mercredi 21 mars 2012

Limbes


Elle a bu les désinfectants du cœur
les flacons les moins chers en ville
et s’est mise à rêver 

parmi les carcasses
de ses chiens morts  






 Christian Girard (c) 2012

jeudi 15 mars 2012

OUVRIR LES YEUX (Julien Torma)

Écrire quand on n'y voit plus
manger du pain chaud
appeler un ami du bout de la rue
sortir du cinéma à midi
être surpris au bord de la mer par une éclispe
recueillir la pluie
sur d'immenses feuilles de buvard rose
allumer des feux le long des routes
& surtout
oublier ses lettres
oublier son nom
oublier comme on sourit en pensant à autre chose.

Julien Torma (c) 1925 
Le Grand Troche
Éditions Allia
1988