J’écris des mots
De mémoire d’homme
Des mots vagues
De petit homme
Perdu dans l’espace
Des mots sans adresses
Ni contours
Des mots de clarté
Dans le poing des cœurs
Et le gouffre des yeux
Des mots de silence et d’éternité
Des mots de poussière
D’extase et de pleurs
Des idiomes palpitants
Dans la main des nerfs
Et du sang
Des mots de toujours
Qui n’ont plus œil
Ni sagesse
Et qui s’accroupissent
Dans les huis clos
De l’en dedans
Des mots qui vrillent
Têtes baissées
Jusqu’aux confins de nous-mêmes
Des mots de torture
Aveuglés de lumière
Dans l’anti-chambre
Des désirs
Des mots qui crépitent
Dans nos solitudes
Sans bornes
Des mots de crachats
Fleurissant sur les tombes
Où l’on accoure
En pleurant
Des mots qui s’érigent
Monumentaux
Dans la pierre du temps
Des mots sans appel
Qui déjouent les calculs
En sculptant des espaces
Dans ce qu’il reste
De nous
Des mots pour mourir encore
Et crever l’abcès des mémoires
Pour renaître à soi-même
En catastrophe
Des mots qui tanguent
Aux confluents des os
Des mots pour dresser l’horizon
À chaque avancée
Des mots
Comme des armes
Dans les main du désespoir
Des mots de mémoire d’homme
De mémoire incandescente
J’écris des mots
Qui reviennent
Sur terre
Christian Girard (c) 2006