vendredi 26 août 2011

Le temps 
n'est pas clair

on ne sait pas 
ce qu'il fait

Christian Girard (c) 2011

mardi 23 août 2011

FAIRE FAILLITE



Il faudra bien faire un jour
des pieds et des mains
de fortune

et non plus des rodéos
de nos indéfectibles
naufrages

ainsi
pourrons-nous peut-être
harnacher le présent
avec une vigueur
à vous écrabouiller
tous les édifices
de la douleur
à venir

Christian Girard (c) 2011


mardi 16 août 2011

MON VOISIN



 Un jour je crois
(ça ne peut pas ne pas arriver)
mon voisin crachera
ses poumons

je ne sais pas
si c’est pour bientôt
mais je sais que
ce jour approche

à chaque jour
il tousse
comme un
déchaîné

ça fait du bruit
dans toute la rue
et ce n’est pas
très agréable
à entendre

et pourtant, les rares fois
que je le croise à l’extérieur
jamais je ne l’entends
tousser

mais dès qu’il met les pieds
dans son fichu appartement
il réactive aussitôt
la bruyante et dégueulasse
machine à glaire

son nom, je l’ignore
mais je sais
que sa toux
est sonore

et quand il mourra
c’est le seul souvenir
que j’aurai de sa voix

Christian Girard (c) 2011

vendredi 22 juillet 2011

Je vous y convie!


Lancement du recueil SCRAPITUDE ET AUTRES POÈMES ERRATIQUES



Christian Girard est né en 1975. Il travaille en librairie depuis bientôt 10 ans. Il a, sa vie durant, partagé son temps à faire diverses choses plus ou moins intéressantes : enfance, adolescence, école, décrochage, plonge, méditation avec les moyens du bord, radio...  Obsédé d’écriture malgré toutes ces occupations, il n’a jamais arrêté de pratiquer cette littérature qu’il qualifie lui-même d’ erratique.
Hormis quelques collaborations textuelles avec le groupe de rock Alligator Trio, quelques publications dans la Conspiration Dépressionniste, Christian Girard a une  activité plutôt confidentielle dans le monde de la poésie québécoise.
Scrapitude est son premier recueil de poèmes.
Deuxième publication de la collection Critures, qui loge à l’enseigne de Moult Éditions, ce recueil reflète l’esprit que veut partager la dite collection : une poésie mariant le cri et le rire, un condensé d’urgence criarde et de “ludicité” tâtonneuse.




http://www.facebook.com/event.php?eid=141153032634148

lundi 13 juin 2011

L’APPARITION DU FANTÔME DE RICHARD BRAUTIGAN DANS UN MOTEL EN COLOMBIE-BRITANNIQUE


De petites araignées
communes
desséchées
les pattes rabougries
se balancent aux bouts de leurs fils
comme des boules de Noël
aux extrémités
de sa moustache
gonflée de poussière

lui-même a l’air
d’un sapin de Noël
qu’on a abandonné
sur le bord du chemin
après la vaste orgie
du temps des fêtes

sa silhouette de
grand escogriffe
affalée sur les coussins
de ce fauteuil fleuri
me semble aussi  seule
et perdue
qu’un orphelin
entre les murs
de ce motel banal

il se présente à moi tel quel
habillé de guenilles
et de brouillard
couvert de breloques
à la fantaisie fanée
comme des fleurs bleues
qui prennent l’allure d’ecchymoses
aux teintes pâlottes

ses lunettes
perchées sur son nez
ont les verres couverts
d’une épaisse
couche de poussière
où des mouches endormies
vont et viennent
d’un pas lent
d’éléphants drogués
en laissant les traces
de leurs petits pieds

le fantôme n’a pas la force
de les essuyer
ses lunettes
et de toute façon
il ne se trouve à l’horizon
aucune belle fille
à regarder

il semble observer le silence
qui se fait brasser la cage
comme un radeau
en plein naufrage
sur les vagues
de son respir
et ses hoquets
de balayeuse malade

il hoche la tête
et se tripote
avec un Q-tips
un trou qu’il arbore
à la tempe droite

et ce silence en loque
est habité par un petit bruit
le tic tac
de la pendule au mur
indiquant 9 heures

et le cliquetis
d’une petite balle de fusil
perdue dans son crâne
et qui vient se percuter
comme un caillou
dans une canisse
contre les parois
de son dernier
trou de mémoire

Christian Girard (c) 2008-2011

jeudi 9 juin 2011

Mon pays

Mon pays
n'est qu'un tas
de mots jetés
par la fenêtre

pour tenter
d'un peu
déranger
l'histoire

qui n'a rien vu
et qui est passée
nous laissant seuls
dans nos chaumières

à regarder
le temps passer
dans le vent
en silence

Christian Girard (c) 2011

samedi 4 juin 2011

DES CHOSES QUE JE SAIS (premier d'une éventuelle longue série)

je sais des âges de pierre
mâchés tendrement
dans la gueule des jours

je sais multiples choses
et raides et folles
des slogans fameux
qui vous harcèlent
en plein sommeil

je sais momentanément
m’éclipser le temps
de prendre le temps
pour une valise
et d’y fourrer ce qui
me passe par la tête

je sais me taire
en lambris scabreux
aux accents lithurgiques
hanté d’échos tout droit sortis
d’un temple en stuc

je sais dire des choses comme ça

et je sais que ça n’intéresse personne
sinon ma mère qui peut-être
s’inquiète de me voir jouer
les grands poètes

Christian Girard (c) 2011