samedi 29 octobre 2011

Ici


Je prendrai mon verbe
le casserai dans l’ombre
en ferai ma voix comme
on aiguise un couteau

la cible importe peu
l’époque est furieuse
et tous les verrous
font des cris d’enfant

Christian Girard (c) 2011

jeudi 13 octobre 2011

Blues


Son âme est désossée
parmi des tessons de cœur
des chansons d’amour plates
et des flaques de jus d’œil

ses yeux traînent par terre
totalement dégonflés
parmi les quelques étoiles
qu’il voulait y épingler

sa mémoire est un long cri
venant se mêler aux claques
de sa peau qui flotte au vent
d’un long mois de janvier

dans le ciel, la lune a l’air
d’un vieux morceau d’ongle
et le Vieux-Québec ressemble
à un gâteau d’anniversaire

oublié

Christian Girard (c) 2011

jeudi 6 octobre 2011

Je nourris
mes ambitions
avec des restes

Christian Girard (c) 2011

mercredi 5 octobre 2011

GAROCHAGE #2



Je carbure 
à l’inavouable
bien conscient 
de mes os

circulent alors
dans mes veines
des impressions de voyages
mal organisés

et je me retrouve 
seul et condamné
à régler
des détails
pour la vie

Christian Girard (c) 2011

dimanche 25 septembre 2011

BRICOLAGE


J’ai pris mon cœur
en forme de cœur
j’ai pris ma voix
en forme de quoi ?
un peu d’azur
pris dans mes murs
mêlé tout ça
à tours de bras
ça a pris du temps
mais peu d’argent
pour faire ceci :

un ciel qui crie
en forme de cœur
un ciel qui pleure
sur mon ennui

Christian Girard (c) 2011

mercredi 14 septembre 2011

GAROCHAGE #1

M’effilocher dans tes mains
comme une enflure
de beaux carnages

les automates
de la réserve sans nom
regarderont ce spectacle
en parodiant mes émois

je suis l’enfant sans mystère
celui qui prend ses yeux pour des roches
le lourd poids de la terre
dans la fragile balance de l’être

ô mon dieu
que d’agitations
des spectres grouillent
dans les couloirs de mon sang

Christian Girard (c) 2011

BLUES (extrait) (Paul-Marie Lapointe)

***

un jour je m'enfouirai
pleurerai sur ma misère

une structure d'acier s'élèvera
une mine prendra racine sous la forêt
un batelier passera d'une terre à l'autre
un cratère s'ouvrira dans la poitrine du premier ministre
il se croira le vésuve

mais tout cela sera du miel et du pain
de vin de la bière au choix
pour ceux qui en auront envie
car un jour il faudra enterrer sa tristesse faire des enfants
    noirs des poignardeurs des petits hommes de travail et
    de peine des HOMMES

***

Paul-Marie Lapointe (c)1965
Le réel absolu. Poèmes 1948-1965
Éd. de l'Hexagone, 1971