vendredi 22 juillet 2011

Je vous y convie!


Lancement du recueil SCRAPITUDE ET AUTRES POÈMES ERRATIQUES



Christian Girard est né en 1975. Il travaille en librairie depuis bientôt 10 ans. Il a, sa vie durant, partagé son temps à faire diverses choses plus ou moins intéressantes : enfance, adolescence, école, décrochage, plonge, méditation avec les moyens du bord, radio...  Obsédé d’écriture malgré toutes ces occupations, il n’a jamais arrêté de pratiquer cette littérature qu’il qualifie lui-même d’ erratique.
Hormis quelques collaborations textuelles avec le groupe de rock Alligator Trio, quelques publications dans la Conspiration Dépressionniste, Christian Girard a une  activité plutôt confidentielle dans le monde de la poésie québécoise.
Scrapitude est son premier recueil de poèmes.
Deuxième publication de la collection Critures, qui loge à l’enseigne de Moult Éditions, ce recueil reflète l’esprit que veut partager la dite collection : une poésie mariant le cri et le rire, un condensé d’urgence criarde et de “ludicité” tâtonneuse.




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lundi 13 juin 2011

L’APPARITION DU FANTÔME DE RICHARD BRAUTIGAN DANS UN MOTEL EN COLOMBIE-BRITANNIQUE


De petites araignées
communes
desséchées
les pattes rabougries
se balancent aux bouts de leurs fils
comme des boules de Noël
aux extrémités
de sa moustache
gonflée de poussière

lui-même a l’air
d’un sapin de Noël
qu’on a abandonné
sur le bord du chemin
après la vaste orgie
du temps des fêtes

sa silhouette de
grand escogriffe
affalée sur les coussins
de ce fauteuil fleuri
me semble aussi  seule
et perdue
qu’un orphelin
entre les murs
de ce motel banal

il se présente à moi tel quel
habillé de guenilles
et de brouillard
couvert de breloques
à la fantaisie fanée
comme des fleurs bleues
qui prennent l’allure d’ecchymoses
aux teintes pâlottes

ses lunettes
perchées sur son nez
ont les verres couverts
d’une épaisse
couche de poussière
où des mouches endormies
vont et viennent
d’un pas lent
d’éléphants drogués
en laissant les traces
de leurs petits pieds

le fantôme n’a pas la force
de les essuyer
ses lunettes
et de toute façon
il ne se trouve à l’horizon
aucune belle fille
à regarder

il semble observer le silence
qui se fait brasser la cage
comme un radeau
en plein naufrage
sur les vagues
de son respir
et ses hoquets
de balayeuse malade

il hoche la tête
et se tripote
avec un Q-tips
un trou qu’il arbore
à la tempe droite

et ce silence en loque
est habité par un petit bruit
le tic tac
de la pendule au mur
indiquant 9 heures

et le cliquetis
d’une petite balle de fusil
perdue dans son crâne
et qui vient se percuter
comme un caillou
dans une canisse
contre les parois
de son dernier
trou de mémoire

Christian Girard (c) 2008-2011

jeudi 9 juin 2011

Mon pays

Mon pays
n'est qu'un tas
de mots jetés
par la fenêtre

pour tenter
d'un peu
déranger
l'histoire

qui n'a rien vu
et qui est passée
nous laissant seuls
dans nos chaumières

à regarder
le temps passer
dans le vent
en silence

Christian Girard (c) 2011

samedi 4 juin 2011

DES CHOSES QUE JE SAIS (premier d'une éventuelle longue série)

je sais des âges de pierre
mâchés tendrement
dans la gueule des jours

je sais multiples choses
et raides et folles
des slogans fameux
qui vous harcèlent
en plein sommeil

je sais momentanément
m’éclipser le temps
de prendre le temps
pour une valise
et d’y fourrer ce qui
me passe par la tête

je sais me taire
en lambris scabreux
aux accents lithurgiques
hanté d’échos tout droit sortis
d’un temple en stuc

je sais dire des choses comme ça

et je sais que ça n’intéresse personne
sinon ma mère qui peut-être
s’inquiète de me voir jouer
les grands poètes

Christian Girard (c) 2011

dimanche 15 mai 2011

UN SOIR DE PLUIE À SOHO (POGUÉSIES)


Il y a longtemps que je t’aime
De par les jours, de par les années
Et j’ai pleuré tous tes problèmes
Souri de tes drôles de manies.
Nous avons vu nos amis grandir
Et nous les avons vu tomber,
Certains sont tombés au paradis,
Certains sont tombés en enfer.

J’ai voulu me protéger de l’averse
Et j’ai atterri dans tes bras
Par un soir de pluie à Soho
Où le vent sifflait avec charme.
Je t’ai chanté toutes mes douleurs,
Tu m’as confié tes petits bonheurs,
Quoi qu’il advienne de cette vieille chanson
De ces petites filles, de ces petits garçons.

La chanson est maintenant presque terminée,
Peut-être ne saurons nous jamais ce qu’elle veut dire,
Mais toujours je tiens cette lumière devant moi
Tu es la mesure de mes rêves.

Parfois je me réveille le matin
Une bouteille de whisky à la main,
Recouvert d’une cape de silence,
Je t’entends me parler dans ma tête.
Je ne chante pas pour le futur,
Je ne rêve pas du passé,
Je ne parle pas de la première fois,
Je ne pense jamais à la dernière.

La chanson est maintenant presque terminée,
Nous ne saurons peut-être jamais ce qu’elle veut dire,
Mais toujours je tiens cette lumière devant moi
Et tu demeures la mesure de mes rêves.

Shane MacGowan (c) 1991
Trad. Christian Girard (c) 2011


AISLING (POGUÉSIES)


Voyez la lune à nouveau se lever
Au-dessus de nos terres vertes et noires
Entendez la voix des rebelles appeler :
“Je ne mourrai qu’une fois enterré!”
Entendez la tante à l’agonie râler :
“Où se trouve mon Johnny?”
Photos fanées dans le vestibule
Lequel de ces bruns fantômes est-il?

Adieu mon diamant aux cheveux noirs
Adieu ma belle Aisling
Pensées et rêves de toi me hanteront
Jusqu’à ce que je revienne à la maison
Et le vent souffle du nord au sud
Et il souffle d’est en ouest
Et tout comme lui je serai sans répit
Jusqu’à ce que je te revienne

Béni soit le vent qui secoue l’orge
Et maudites soient la bêche et la charrue
Qui nous réveillent si tôt le matin
Maudit que je voudrais te retrouver
Un, deux, trois, quatre poteaux de téléphone
Donnez-moi un verre de poitin
La folie rampait depuis la montagne
Le jour où je rencontrais ma belle Aisling

Adieu mon diamant aux cheveux noirs
Adieu ma belle Aisling
Pensées et rêves de toi me hanteront
Jusqu’à ce que je revienne à la maison
Et le vent souffle du nord au sud
Et il souffle d’est en ouest
Et tout comme lui je serai sans répit
Jusqu’à ce que je te revienne

Shane  MacGowan (c) 1994
Trad. Christian Girard (c) 2011

samedi 14 mai 2011

LE TANGO D'LA FEMME À POILS

C’était un soir comm’ tant de soirs
Où il arriv’ que j’me magane.
La nuit se changeait en trottoir
Et mon destin en peau d’banane.

Mais jamais j’n’ai pensé qu’un jour
J’ aurais pu tomber aussi bas
Et pensant tomber en amour
Je ne faisais qu’un vrai faux pas!

Et si j'chutais depuis l’last-call
Jusqu’au fond des grott’s de Lascaux
C’est que la belle avait des poils
Qui me donnaient le vertigo...

REF : 

Qui s’y frotta s’y piqua
Au duvet d’la femm’ gorille
Elle en avait sur les bras
Un peu plus sur l’estomac
Et pas du petit qui brille.
Non c’était du gros brun
C’lui qui fait qu’on se tourmente
C’lui qui fait qu’on se lamente
Lorsqu’on redevient à jeun!

Christian Girard (c) 2010