dimanche 3 mai 2015

LE CIEL N’A PLUS RIEN À VOIR


Elle aura été ce garrot d’éternité
noué autour de ma gorge rouillée infectée
par le rêve monstrueux de voir un jour
brûler les banlieues

elle aura été ce soleil fou d’où tombe la nuit
cet écrin vierge assailli de pélerins sauvages
désormais dans ses yeux des landaus brûlent
et des enfants chantent comme des verrous

et les mots tus s’évanouissent
comme de la poudre d’os
dans les sables mous de ma mémoire

se faisant squelette armé pour veiller tard
trompe-l’oeil de la misère et
chinoiserie ultime de l’en-dedans

Christian Girard (c) 2014

À venir... (extrait)




"Un livre sauvage. Une aventure sans prétention dans mes entrailles; une odyssée farouche et dépourvue de tout espoir. ma folie mal nourrie, mal contenue, enfin décapsulée et s’insinuant dans chaque mot, chaque lettre inscrite et criée. je ne suis pas un spécialiste, le roman m’emmerde et les structures narratives et la manière, ô que cela me pèse et me rapetisse dans mes grands souliers de rêve. 
un jour j’ai chaussé des boites de poèmes, des poèmes grandiloquents, et je me promenais dans le désordre de mes ambitions avec des allures d’elvis chaud raide. ô que de temps perdu. j’ai lâché la bride et je ne savais plus quoi faire. le vide en moi s’exprimait et me disait de me taire. le vide en moi avait des allures de banlieue grise et de viande froide avariée. des décors sans âme me renvoyaient mon reflet. cycliquement. je m’enfonçais. merci la vie, ACCROCHE TOI À TES RÊVES, etc… fuck off. léthargie et examen de minuit, manucure de la main invisible qui me pousse à faire des choses pas possibles. fuck off, fuck off. c’est tout ce que je sais dire à certains moments.

je ne suis pas un spécialiste, je ne glose pas. j’ai seulement des impulsions qui frisent par moment la kétainerie sentimentale. et j’aime ou je n'aime pas quelque chose. je sais, c’est peu, beaucoup trop peu, et on ne fait pas des civilisations sur cette base. seulement, il en est ainsi. je ne cherche pas à défendre les fondements de cette approche ni à justifier ma faible contribution à l’effort civilisationnel. je mets simplement le doigt sur ma condition de consommateur et, en appuyant plus fort qu’à l’habitude, il en sort un petit vent accompagné d’un petit bruit de pet et voilà ma condition toute dégonflée et ridicule."

Christian Girard (c) 2014

dimanche 22 mars 2015


Je cherche à vomir des mots
sans confessions
des mots nus
comme un oiseau
quittant à jamais
le perchoir de ma langue
pour s’aller fondre au bleu du ciel
ce bleu de sainte-vierge
ce bleu de gâteau
ce bleu enfin
de larmes et d’eau
dans les dessins d’enfants.

Chercher de l’or,
la gloire,
des poux,
la bête noire?
Chercher le Graal,
mon nonosse,
le trouble?
rien à voir
rien à faire
je cherche à vomir des mots
comme un volcan crache un ciel,
un ballet de feu nu, de phénix orangés
balayant de leurs ailes enragées
des siècles et des siècles
de maisons en rangées.

Christian Girard (c) 2015

mercredi 21 janvier 2015

Cracher n'a rien de nouveau
Laissons le temps faire son œuvre
Et rêvons de corbeaux magnifiques
Pendant que nous n'avons rien à dire

Christian Girard (c) 2015

jeudi 31 juillet 2014

LES ILLUSIONS TERNIES


Je renifle à l’occasion
la bonne occasion :
je mets tout dans le même tas -
le rêve, l’envie de mourir,
l’humour, l’envie de disparaître,
le désir d’argent, la mélancolie,
l’amour, l’abattoir, etc... -
je secoue le tas d’un grand coup de pied,
je fais des pieds, des mains,
je dresse mes beaux grands chevaux,
je grimpe dans tous les rideaux
et je salue au loin la terre promise
qui ne m’apparaîtra sûrement jamais.

Christian Girard (c) 2014


dimanche 25 mai 2014

DE QUOI AVOIR PEUR


On apprend jeune à crier au meurtre
les délices n’ont pas d’emprise sur nous
et nous ne calculons pas encore dans le menu
les défaites les plus creuses

les morts s’enchaînent pourtant
bloquant les portes
et laissant le téléphone sonner
avec une indifférence imperturbable

il faudra souvent revoir la leçon
la réviser dans tous les journaux
ajuster sa voix, trier les mots
parmi les cadavres
et les indulgences

Christian Girard (c) 2014

samedi 26 avril 2014

L' IRRIGATION DES SOLITUDES



J'aspire à me nourrir de voix tenues pour mortes. C'est un aliment comme un autre quand on veut se tenir debout parmi les désastres. Mes kilos de viande en réclament. Mon sang muet s'agite à leur approche et le vent sur ma peau soudain se fait plus lourd, comme un cuir nouveau découpé sur le dos d'une race éteinte.

Christian Girard (c) 2014