Sa jeunesse a bien failli
la gober toute crue
mais l’a finalement
recrachée à la rue
comme un bout d’os
maigre et laide et
sur l’aide-
sociale
depuis ce jour
elle est montée
dans un autobus
qui semble à jamais
condamné
à faire le tour
du quartier
dans cet autobus
je l’ai vue
un autre jour
sortir de sa sacoche
le grand amour foudroyant
format poche et
tout froissé
elle en a commencé la lecture
et au fur à mesure
qu’elle avancait
je l’ai vue
se mettre en rage
et déchirer chaque page
et les fourrer violamment
dans la gueule de
sa sacoche
un peu comme
quand elle était petite
et qu’elle effeuillait
des marguerites
la rage en moins
du moins
j’ose
espérer
Christian Girard (c) 2011
2 commentaires:
De la beauté crue des os.
Magnifique autant que poignant.
Enregistrer un commentaire