"Un livre sauvage. Une aventure sans prétention dans mes
entrailles; une odyssée farouche et dépourvue de tout espoir. ma folie mal
nourrie, mal contenue, enfin décapsulée et s’insinuant dans chaque mot, chaque
lettre inscrite et criée. je ne suis pas un spécialiste, le roman m’emmerde
et les structures narratives et la manière, ô que cela me pèse et me rapetisse
dans mes grands souliers de rêve.
un jour j’ai chaussé des boites de poèmes,
des poèmes grandiloquents, et je me promenais dans le désordre de mes ambitions
avec des allures d’elvis chaud raide. ô que de temps perdu. j’ai lâché la bride
et je ne savais plus quoi faire. le vide en moi s’exprimait et me disait de me
taire. le vide en moi avait des allures de banlieue grise et de viande froide
avariée. des décors sans âme me renvoyaient mon reflet. cycliquement. je
m’enfonçais. merci la vie, ACCROCHE TOI À TES RÊVES, etc… fuck off. léthargie
et examen de minuit, manucure de la main invisible qui me pousse à faire des
choses pas possibles. fuck off, fuck off. c’est tout ce que je sais dire à
certains moments.
je ne suis pas un spécialiste, je ne glose pas. j’ai
seulement des impulsions qui frisent par moment la kétainerie sentimentale. et
j’aime ou je n'aime pas quelque chose. je sais, c’est peu, beaucoup trop peu, et
on ne fait pas des civilisations sur cette base. seulement, il en est ainsi. je
ne cherche pas à défendre les fondements de cette approche ni à justifier ma
faible contribution à l’effort civilisationnel. je mets simplement le doigt sur
ma condition de consommateur et, en appuyant plus fort qu’à l’habitude, il en
sort un petit vent accompagné d’un petit bruit de pet et voilà ma condition
toute dégonflée et ridicule."
Christian Girard (c) 2014