dimanche 14 novembre 2010

LE BORD ENSOLEILLÉ DE LA RUE (POGUÉSIES)




J’ai vu le carnaval à Rome
J’ai eu des femmes, j’ai eu du booze
Mais tout ce dont je me souviens
Ce sont des petits enfants sans chaussures
Alors j’ai vu ce train,
J’ai sauté dedans
Le coeur plein de haine
Une envie de vomir
Et depuis je me tiens du bord ensoleillé de la rue

J’ai enjambé des cadavres à Bombay
Tenté la même chose aux U.S.A.
Pour finir au Népal
Sur le toit du monde et rien à faire là
Et ce jour là j’ai su
Que j’allais rester
Ici où je suis, du bord ensoleillé de la rue

J’ai été dans les Palaces, j’ai été dans les prisons
Je veux juste pas me réincarner en colimaçon
Je veux juste passer l’éternité
Ici où je suis, du bord ensoleillé de la rue

À trop voir ma mère pleurer j’ai juré
De vivre ma vie comme on se fait une pute
Je sais que je suis meilleur qu’avant
Je serai irrécupérable
Et resterai toujours ici
Du bord ensoleillé de la rue

Shane  MacGowan (c) 1990
Traduction : C. Girard 2010

mardi 2 novembre 2010

L'ENTRE-SAISON (GÉRALD GODIN)












Vienne novembre
aux portes de la ville morte
les nuages se bousculent
hargneux comme des bêtes

j'entends le frisson
de la terre agonisante
les champs transpirent
comme les morts

novembre maladif mon frère
qui tremble de froid
le vent là-haut perché
attend tel un charognard

Gérald Godin 

Extrait de Ils ne demandaient qu'à brûler. Poèmes 1960-1993
2001, Éditions de L'Hexagone.


dimanche 31 octobre 2010

C'est en rasant les murs
que le temps passe
et c'est comme un voleur
qu'il emporte avec lui
les gants blancs
du souvenir

Christian Girard (c) 2010

samedi 9 octobre 2010

Otages
de nous-mêmes

Nous parlons
souvent
d'évasion

Christian Girard (c) 2010

vendredi 1 octobre 2010

J'écris des mots

J’écris des mots
De mémoire d’homme

Des mots vagues
De petit homme
Perdu dans l’espace

Des mots sans adresses
Ni contours

Des mots de clarté
Dans le poing des cœurs
Et le gouffre des yeux

Des mots de silence et d’éternité
Des mots de poussière
D’extase et de pleurs

Des idiomes palpitants
Dans la main des nerfs
Et du sang

Des mots de toujours
Qui n’ont plus œil
Ni sagesse
Et qui s’accroupissent
Dans les huis clos
De l’en dedans

Des mots qui vrillent
Têtes baissées
Jusqu’aux confins de nous-mêmes

Des mots de torture
Aveuglés de lumière
Dans l’anti-chambre
Des désirs

Des mots qui crépitent
Dans nos solitudes
Sans bornes

Des mots de crachats
Fleurissant sur les tombes
Où l’on accoure
En pleurant

Des mots qui s’érigent
Monumentaux
Dans la pierre du temps

Des mots sans appel
Qui déjouent les calculs
En sculptant des espaces
Dans ce qu’il reste
De nous

Des mots pour mourir encore
Et crever l’abcès des mémoires
Pour renaître à soi-même
En catastrophe

Des mots qui tanguent
Aux confluents des os

Des mots pour dresser l’horizon
À chaque avancée

Des mots
Comme des armes
Dans les main du désespoir

Des mots de mémoire d’homme
De mémoire incandescente

J’écris des mots
Qui reviennent 
Sur terre

Christian Girard (c) 2006


mardi 28 septembre 2010

Ce n'est qu'en ambulance
qu'on me verra
un jour
me rendre
à l'évidence

Christian Girard (c) 2010